Description du Basic Need Basket
La pauvreté toujours croissante et le sous-développement incitent en permanence les gouvernements et des groupes de la société civile à trouver des moyens d’y mettre fin ou, au minimum, d’améliorer le bien-être général des peuples. Une des approches qui a été adoptée pour mesurer l’étendue de la pauvreté afin de fournir une information de qualité à la mise en œuvre et la formulation des politiques consiste en l’observation non seulement de la palette de recettes et des dépenses domestiques ou individuelles, mais aussi les capacités domestiques ou individuelles à satisfaire leurs besoins humains universels.
Ces dernières années, certains groupes de la société civile ont développé des moyens simples, mais complets, pour mesurer les conditions de vie des ménages à travers l’utilisation de la recherche du panier des besoins fondamentaux, une étude dénommée « Basic Needs Basket (BNB) ». Ce projet de recherche vise à mesurer l’accès par les familles/ménages aux biens et services indispensables à la promotion de la dignité humaine. De plus, il montre l’écart entre le coût minimum pour un niveau de vie décent (art.3, 2ème tiret, art.4, 1er tiret et art.6 du décret n°079/2002 du 03/07/2002) et le revenu moyen.
Le contenu du BNB, déterminé au moyen d’une enquête mensuelle de terrain, montre les réalités et les aspirations du peuple pour satisfaire des besoins essentiels pour une vie humaine décente. Le BNB est un outil d’observation fondamental qui mesure régulièrement les indicateurs de la qualité de vie tels que « la capacité pour les ménages d’avoir de la nourriture suffisante, de bons soins de santé et de l’éducation, un revenu suffisant, une amélioration du niveau de confiance dans la prestation de services sociaux et de gouvernance ». Le BNB constitue également un outil de plaidoyer pour l’ajustement du salaire minimum officiel car les informations qu’il fournit, basées sur l’observation de la réalité des prix sur les marchés, contiennent un énorme potentiel pour influencer les choix politiques et orientations des meilleures conditions de vie dans les pays où il a été mené.
L’objectif du programme BNB est donc de rassembler des faits par la recherche et les utiliser pour proposer des changements dans les politiques et/ou pratiques qui entravent la réalisation des moyens d’existence durables et promouvoir, ainsi, la justice économique et sociale à travers la mise en évidence de la situation des pauvres.
Ce programme appuyé par l’organisation catholique allemande MISEREOR a été inspiré au CEPAS, comme un outil de plaidoyer dans la surveillance des politiques économiques et sociales, par le Centre jésuite pour la réflexion théologique zambien (Jesuit Centre for Theological Reflection – JCTR). Entre 2006 et 2016, l’initiative du BNB a été menée dans plusieurs pays africains dont la Zambie, le Kenya et le Malawi. Plus récemment, l’activité du BNB a été effectuée sur une base pilote dans d’autres pays africains comme le Ghana et, depuis 2016, en République démocratique du Congo (RDC).
A Kinshasa (RDC), les quatre premières enquêtes pilotes ont donc été conduites entre mai et août 2016, respectivement du 26 au 28 pour le mois de mai, du 27 au 29 juin, du 28 au 30 juillet et du 26 au 30 pour le mois d’août 2016. Les coûts moyens publiés ont été calculés sur base des prix au détail récoltés dans les marchés (Grand-marché, marché de la liberté, marché Pumbu de Mont-Ngafula, marché Delvaux), les supermarchés (Shoprite et Kin-marché) et 8 alimentations réparties sur 8 sites géographiques différents. Le programme a complété progressivement ces informations avec les coûts indicatifs des services de base (logement, santé, éducation, eau, électricité et transport).
Les denrées alimentaires retenues constituent une synthèse des différentes habitudes alimentaires de la République Démocratique du Congo. Elles ont été sélectionnées avec le souci de garantir un équilibre nutritionnel en tenant compte de la norme de consommation énergétique journalière préconisée par le Ministère de la Santé publique à travers son Programme national de la nutrition, le PRONANUT. Les modalités de conversion des valeurs énergétiques (Kcal) en poids (Kgs), unité de mesure pour la vente sur les marchés, ont été obtenues auprès du PRONANUT. Indépendamment des mesures utilisées par les commerçants pour la vente des produits alimentaires et dans le souci de standardiser les calculs, l’équipe de recherche du CEPAS les convertit, après pesage, en kilogrammes. Cette étude permet ainsi, de manière indicative, de définir l’enveloppe financière minimale nécessaire pour nourrir une famille de six personnes (norme RDC) pendant un mois. Le salaire minimum devrait être supérieur à cette enveloppe (art.9 du décret n°079/2002 du 03/07/2002) qui ne tient pas compte des autres besoins, tel que de l’habillement (art.6 du décret n°079/2002 du 03/07/2002).
Comment est calculé le Basic Need Basket ?
Une série de réunions avec le PRONANUT (Ministère de la Santé Publique) a permis de définir une formule tenant compte des normes de la OMS/FAO (adoptée par la RDC) pour la conversion des valeurs énergétiques des besoins par personnes en unités de poids utilisés comme mesures pour la commercialisation des produits alimentaires.
Conformément aux normes prises en considération officiellement par le Ministère de la Santé à travers son Programme National de la Nutrition (PRONANUT) :
- En République Démocratique du Congo, une famille c’est en moyenne 6 PERSONNES (deux parents et quatre enfants)
- L’apport calorique journalier recommandé est de 1800 à 2000 Kcal pour la femme et 2200 à 2500 Kcal chez l’homme. Cet apport doit être constitué de 15% de protéines, 45 à 50% de glucides et 35 à 40% de lipides.
Compte tenu de ces normes, le CEPAS a converti, sur base d’un tableau de conversion fourni par le Ministère de la Santé et pour suivre sa recommandation en matière d’alimentation, cet apport calorique en poids d’aliments (les plus variés possibles) qu’on trouve sur nos marchés et conduit, depuis le mois de mai 2016, une enquête mensuelle consistant à collecter, de manière comparative, les prix de ces aliments sur plusieurs marchés de Kinshasa.
Le coût des aliments, auxquels sont ajoutés quelques articles non alimentaires essentiels (eau, électricité, savon de toilette et de lessive, etc.), donne un montant constituant l’enveloppe indispensable pour qu’une famille puisse vivre décemment (= CONFORMEMENT A LA RECOMMANDATION DE L’ETAT CONGOLAIS A TRAVERS SON MINISTERE DE LA SANTE) pendant un mois. Cette enveloppe a été baptisée BASIC NEED BASKET (BNB), en français Panier des besoins essentiels. Une fois par an, les coûts des besoins liés à l’éducation, la santé, aux déplacements locaux, à l’acquisition des biens immobiliers et aux loisirs sont mis à jour dans l’enveloppe global du BNB.
En principe cette enveloppe devrait être inférieure ou égale au SMIG en vigueur.
Evolution du BNB de 2017 à 2024
Le BNB est passé de 450.103 Francs congolais, soit 352 US dollars au taux historique en janvier 2017 à 1.056.254 Francs congolais, soit 776 US dollars à la fin du mois de juin 2024. Cette progression d’un peu plus de 134% en Francs congolais et de plus de 120% en dollars ne s’est malheureusement pas accompagnée de l’augmentation du SMIG dans la même proportion.